AGRO-CARBURANTS
En Haute-Normandie, 17 % des terres sont dédiées à des cultures non-vivrières, une grande partie étant consacrée à la production d'agro-carburants. Les terres agricoles haut-normandes s'éloignent de leur vocation nourricière.
Terre de grandes cultures, port maritime de Rouen dédié en grande partie aux exportations de céréales, le profil agricole régional est le terreau évident du développement de ces nouvelles pratiques, largement encouragées par l'Etat (défiscalisation) et l'Europe (objectifs d'incorporation).
En 2006, les élus Verts s'étaient opposés à l'attribution d'une subvention de 2,7 millions d' € à l'usine Terreos pour la production d'éthanol à Lillebonne. Pour autant, la mobilisation doit continuer. En avril dernier, le ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture et conseiller régional, Bruno Le Maire, en visite à l'usine SAIPOL de Grand Couronne, affirmait encore que les agro-carburants sont « aujourd’hui la principale solution pour réduire les gaz à effet de serre » !
Bilan énergétique des agro-carburants
En 2007, face à la remise en question par un nombre grandissant d’acteurs de la société civile de l’étude ADEME-DIREM 2002 sur les bilans énergétique et environnementaux des agrocarburants, le Grenelle de l’Environnement chargeait l’ADEME de mener une nouvelle étude, « exhaustive et contradictoire ».
Confiée à Bio Intelligence Service, avec la participation de deux associations environnementales (FNE et le Réseau Action Climat) au Comité technique, cette étude est enfin sortie le 8 avril 2010.
A retenir, la mise en avant de l'impact considérable du changement d'affectation des Sols dans le bilan "effet de serre" des agro-carburants.
Pour en savoir plus : l'analyse de l'association EDEN.
ACTUALITES
Terreos, du diester à l'amidonnerie ?
Début 2011, 4 ans après le début de sa production, l'entreprise Téréos annonce vouloir se lancer dans la production de gluten. Au prix de nouveaux investissements... puisque selon Patrick Sadones, de l'association EDEN, "ce projet nécessite l'installation d'un moulin de trés forte capacité ( 2500 tonnes/ jour environ) et d'une chaîne gluten. Les deux broyeurs ne seront plus utilisés, non plus que les deux sécheurs de drêches, puisqu'il n'y aura plus de drêches produites sur le site..."
Il rappelle également que dans "l'hypothése où la production d'éthanol est abandonnée, c'est l'ensemble des installations construites en 2007 [...] qui devront être détruites... L'ensemble a coûté 80 millions d'euros en 2007, financés par les agriculteurs, leurs coopératives, ainsi que pour 2 660 000 € chacun le Conseil Régional de Haute Normandie [les élus Verts avaient voté contre], et la Communauté de communes de Port - Jérôme. A noter que le Conseil Général 76 avait prévu la même somme pour financer l'aménagement de l'appontement pour les barges de blé ainsi qu'un convoyeur allant de l'appontement aux silos, mais ces travaux n'ayant pas été réalisés, la subvention n'a pas été versée. Du coup, l'approvisionnement en blé se fait exclusivement par la route."
Et c'est sans compter le coût de la défiscalisation et de l'emploi créé... A 14€ par hectolitre la défiscalisation, "multiplié par 300 000 mètres cube d'éthanol par an, ça fait encore 42 millions d'euro par an de subventions pour le site de Lillebonne... [...] Ramenés au 80 personnes qui travaillent sur le site, ça fait 525 000 € par emploi et par an... "
En savoir plus sur les agro-carburants
La campagne "Les agro-carburants, ça nourrit pas le monde"